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Contrepèteries : l'art de décaler les sons -5- 

Plainte d'une femme déçue 

 

L’hommage de leurs vers qu’à l’envi les poètes 

À la femme déçue offrent toujours ardent 

Flatte certes le but, mais n’apaise la quête : 

L’attente a des plaisirs qu’on ne fait qu’un moment. 

  

Aussi, jouet des vents qui l’hiver me rudoient, 

Sur des talus où vont se fanant mes appas, 

En un dense réduit où je n’ai point de joie, 

Veux-je conter ce don que Thyrsis bafoua. 

  

Las ! Le pâle Thyrsis avait la mine austère : 

Le sentant sur le banc près d’elle un peu tarder 

L’amante bien des fois lui fit en vain la guerre 

Ferme et froid cependant, jamais il ne doutait. 

  

Pour voir se dénouer ce vœu, que de tendresse ! 

Que, docile à sa voix et promise à son lit, 

J’eusse aimé dans ses bras m’adonner à l’ivresse ! 

Mais, le vin que j’offrais jamais ne le conquit. 

  

Ses doigts pouvaient jouer aux fous entre mes tresses, 

D’un vent hardi parfois copiant les effets : 

Il fallait à mon but, d’autres riens, des caresses 

Moins lourdes dont mon goût se fût mieux satisfait. 


Aux livres confiée une peine farouche 

Cède à des plaisirs doux qui lui prêtent un fard, 

Mais l’ouvrage choisi quand j’abordai ma couche 

Me fit perdre la tête et je luttai sans art. 

 

Certain jour, face aux bois, je me crus bien lésée : 

Le vent sifflait, la chasse au loup battait son plein, 

La bête bien tapie était près de l’orée : 

Ah ! Que le son du cor semblait clair et prochain ! 

  

Voyant un nid offert sur la mousse allongée, 

Je sentis tout en moi la peine qui fondait, 

Quand presque quitte au but il m’a soudain laissée : 

Il jouit de mon trouble et ne fit que passer. 

  

« Achève, dis-je, et mets céans la vierge en terre ! 

Les couleurs de mon don te laissant sans émoi, 

Accorde au moins ce but, cruel, à ma prière : 

De ce fer qui fait mon envie, ah ! Perce-moi ! » 

  

Il flétrit mes "ave" d’une parole amère : 

Je priais pour gagner le plus mâle des sots ! 

D’un don coûteux je sus la cruelle misère : 

Aux mythes pour le bien je renonçai tantôt. 

  

Mais, que te mine un jour ta peine sur ces rives : 

Ton cri restera vain ; ta voix clamant tes maux 

Pour ce mal que tu fis à l’amante naïve 

Ne trouvera de mont qu’attendrisse l’écho ! 

Après les mises en bouche précédentes, voici pour les amoureux de la poésie et de l'art du contrepet, une splendide élégie à double lecture, composée par un professeur d'anglais à l'Université de Montpellier, un des meilleurs spécialistes de Shakespeare et contrepéteur de haute volée (ce dernier a tenu à rester anonyme). Elle est parue dans Le Canard avant 1967 puisque Luc Etienne l'a incorporée dans son premier recueil "L'Album de la Comtesse" de 1951 à 1967, publié en 1967 par Pauvert et réédité en Poche. 

C'est un pur chef-d’œuvre. 


Plainte d'une femme décue - Plainte d'une dame fessue 

 

L’hommage de leurs vers qu’à l’envi les poètes 

À la femme déçue offrent toujours ardent 

Flatte certes le but, mais n’apaise la quête : 

L’attente a des plaisirs qu’on ne fait qu’un moment. 

L’hommage de leurs vits qu’à l’envers les poètes 

À la dame fessue offrent toujours ardent 

Flatte certes le cul, mais n’apaise la bête : 

La fente a des plaisirs qu’on ne tait qu’un moment. 

  

Aussi, jouet des vents qui l’hiver me rudoient, 

Sur des talus où vont se fanant mes appas, 

En un dense réduit où je n’ai point de joie, 

Veux-je conter ce don que Thyrsis bafoua. 

Aussi, jouet des vits qui l’envers me rudoient 

Sur des phallus où vont se tannant mes appas, 

Dans un séant réjouit où je n’ai point de doigt, 

Veux-je dompter ce con que Thyrsis bafoua. 

  

Las ! Le pâle Thyrsis avait la mine austère : 

Le sentant sur le banc près d’elle un peu tarder 

L’amante bien des fois lui fit en vain la guerre 

Ferme et froid cependant, jamais il ne doutait. 

Las ! Le mâle Thyrsis avait la pine austère : 

Le sentant sur le tard près d’elle un peu bander 

La fente bien des fois lui mit en vain la guerre 

Ferme et droit cependant, jamais il ne foutait. 

  

Pour voir se dénouer ce vœu, que de tendresse ! 

Que, docile à sa voix et promise à son lit, 

J’eusse aimé dans ses bras m’adonner à l’ivresse ! 

Mais, le vin que j’offrais jamais ne le conquit. 

Pour se voir dévouer ce nœud, que de tendresse ! 

Que, docile à sa loi et promise à son vit, 

J’eusse aimé dans ses draps m’abonner à l’ivresse ! 

Mais le con que j’offrais jamais ne le vainquit. 

  

Ses doigts pouvaient jouer aux fous entre mes tresses, 

D’un vent hardi parfois copiant les effets : 

Il fallait à mon but, d’autres riens, des caresses 

Moins lourdes dont mon goût se fût mieux satisfait. 

Ses doigts pouvaient jouer aux trous entre mes fesses 

D’un vit ardent parfois copiant les effets : 

Il fallait à mon rut, d’autres biens, des caresses 

Moins gourdes dont mon loup se fût mieux satisfait. 

  

Aux livres confiée une peine farouche 

Cède à des plaisirs doux qui lui prêtent un fard, 

Mais l’ouvrage choisi quand j’abordai ma couche 

Me fit perdre la tête et je luttai sans art. 

 

Aux lèvres confiée une pine farouche 

Cède à des plaisirs fous qui lui prêtent un dard, 

Mais l’ouvrage choisi quand j’accordais ma bouche 

Me fit perdre la lutte et je tétais sans art. 

 

Certain jour, face aux bois, je me crus bien lésée : 

Le vent sifflait, la chasse au loup battait son plein, 

La bête bien tapie était près de l’orée : 

Ah ! Que le son du cor semblait clair et prochain ! 

Certain jour, face aux lois, je me crus bien baisée : 

Le vit s’enflait, la chasse au loup battait son plein, 

La bite bien topée était prêt de la raie : 

Ah ! Que le sort du con semblait clair et prochain ! 

  

Voyant un nid offert sur la mousse allongée, 

e sentis tout en moi la peine qui fondait, 

Quand presque quitte au but il m’a soudain laissée : 

Il jouit de mon trouble et ne fit que passer. 

Noyant un vit offert sur la mousse allongée, 

Je sentais tout en moi la pine qui fondait, 

Quand presque bite au cul il m’a soudain laissée : 

Il joua de mon trouble et ne fit que passer. 

  

« Achève, dis-je, et mets céans la vierge en terre ! 

Les couleurs de mon don te laissant sans émoi, 

Accorde au moins ce but, cruel, à ma prière : 

De ce fer qui fait mon envie, ah ! Perce-moi ! » 

« Achève, dis-je, et mets céans la verge entière ! 

Les douleurs de mon con te laissant sans émoi, 

Aborde au moins ce cul, cruel, à ma prière : 

De ce vit qui fait mon enfer, ah ! Perce-moi ! » 

  

Il flétrit mes "ave" d’une parole amère : 

Je priais pour gagner le plus mâle des sots ! 

D’un don coûteux je sus la cruelle misère : 

Aux mythes pour le bien je renonçai tantôt. 

Il flétrit mes appâts d’une vérole amère : 

Je priais pour gagner le plus sale des maux ! 

D’un con douteux je sus la cruelle misère ; 

Aux bites pour le mien je renonçai tantôt. 

  

Mais, que te mine un jour ta peine sur ces rives : 

Ton cri restera vain ; ta voix clamant tes maux 

Pour ce mal que tu fis à l’amante naïve 

Ne trouvera de mont qu’attendrisse l’écho ! 

Mais que te mène un jour ta pine sur ces rives : 

Ton vit restera craint ; ta voix clamant tes maux 

Pour ce mal que tu mis à la fente naïve 

Ne trouvera de con qu’attendrisse les mots !