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Carnet à spirales
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L'Anglais est un animal comme les autres... 


Tu t'étonnes que je sois intrigué par le fait que je trouve que l'Anglais est un animal étrange, ou du moins d'une étrangeté différente de la nôtre ? 

 

Pourtant, comment qualifier autrement une créature qui a réussi à dominer un quart de la planète sans jamais maîtriser le fonctionnement du chauffage central, un énergumène qui a réussi à s'exporter sur tous les continents sans jamais assimiler quoi que ce soit de la langue ou de la culture — hormis la cuisine, mais là, il faut bien lui reconnaître des excuses — du pays d'exportation, un improbable qui a su se répandre tout en restant insulaire ?
  

Car l'Anglais a fermé les portes sur lui-même. Au point, d'ailleurs, qu'on peut être Anglais sans avoir quitté Gibraltar ou Hong-Kong et faire partie de ces Anglais à qui les lois de l'immigration interdisent de s'installer en Angleterre. Rien que de très logique.
D'ailleurs, le Romain, seul à avoir jamais réussi à envahir l'île, l'avait bien compris qui a construit un mur pour l'empêcher d'aller semer la zizanie en Écosse. (Les Écossais aiment à prétendre que c'est parce que le Romain avait peur de lui, mais c'est faire injure à la vraisemblance historique).
  

Malheureusement, l'Anglais qui avait déjà envie de se répandre (l'Anglais est volontiers proliférant) fit appel à quelques barbares nordiques pour bousculer le Romain, afin que personne ne lui interdît plus de grimper sur le mur, et lui apprendre à construire des bateaux afin d'aller taquiner le Continental et vendre le sauvage. Notons au passage que ces deux termes n'établissaient, pour l'Anglais, aucune distinction autre que géographique.
  

Nous passerons rapidement sur quelques caractéristiques amusantes de l'Anglais, largement explorées par une foule d'excellents auteurs. L'Anglais, à l'instar du pécari, est omnivore. À la différence du pécari, il a compris combien cette caractéristique est essentielle à une adaptation à tous les environnements et il la cultive par une cuisine éprouvante dont le but principal semble être la mutilation des papilles gustatives à des fins adaptatives.
  

Nous savons depuis Pierre Daninos que l'Anglais s'abreuve de bière tiède et se coiffe d'un melon s'il est mâle, boit du thé et se coiffe de la totalité de son potager s'il est femelle. Son mode de reproduction reste un mystère depuis que Madame Cresson, à la suite d'une étude scientifique rigoureuse, a déterminé avec certitude que tous les mâles sont homosexuels, mais il semblerait que la seule pensée de sa patrie provoque une excitation qui se traduirait par une tumescence localisée qui elle-même lui permettrait de se livrer aux actes reproductifs auxquels il répugne tant. Et c'est pourquoi il est illusoire de penser exterminer l'Anglais sans auparavant éliminer l'Angleterre et que l'Angleterre fourmille toujours d'Anglais. 

Certes, John Bull est mort, et le major Thompson la rejoint dans le cabinet des caricatures en voie d'extinction. Mais l'Anglais continue d'arborer ses contradictions qui font de lui une espèce unique. Ça commence par son Église, tout à la fois catholique et protestante, qui a deux primats*, les archevêques d'York et Cantorbéry, et honore un saint, Thomas More, que les marxistes n'hésitent nullement à considérer comme un précurseur. Vous n'allez pas venir me prétendre que tant de pragmatisme dans une organisation religieuse est normale.
  

De plus, les évêques siègent à la chambre des Lords. Vous voyez un peuple sensé laisser le cardinal Ratzinger, par exemple, siéger au sénat ? Il en résulterait un désordre affreux.
  

Le système politique de l'Anglais est aussi fort étrange. Il vit dans une république héréditaire qu'il déguise habilement en monarchie chaotique. Le grand argentier chancelle sur un échiquier et les nobles de la république (anoblie par le président de cette dernière qu'ils appellent reine pour tromper le continental ou le sauvage) agitent frénétiquement des jarretières à la moindre provocation. C'est très divertissant, mais laisse peu de temps au Gouvernement pour s'occuper de lÉtat. C'est pourquoi il s'en occupe très peu. Cela s'appelle « libéralisme ».
  

Il arrive parfois que l'Anglais (qui est fondamentalement conservateur, c'est pour cela qu'on appelle « cursive anglaise » une écriture qui penche à droite), dans un bref accès de folie, élise un Gouvernement qui tient à s'occuper de l’État. Il est alors automatiquement rangé dans la gauche. Même s'il est de droite. Les effets de cet amusant phénomène sont observables in situ en ce moment même.
  

Des psychanalystes de renom ont expliqué le désordre apparent auquel l'Anglais est en proie par le fait que le dernier barbare auquel ils ont fait appel pour rétablir l'ordre et chasser d'autres barbares qu'ils avaient appelés pour bouter le Romain hors de chez lui était français. Il lui en est resté une honte larvée qu'il essaye d'exorciser depuis 1066. Il reste donc chez soi pour assumer ses contradictions par toute une panoplie de procédés pratiques qui vont de la convention sociale à l'artifice verbal et que le Continental ou le sauvage (qui ne comprend rien à rien) appelle « pragmatisme » ou « hypocrisie » selon qu'il est admiratif ou irrité.
  

Résumons-nous: l'Anglais n'est pas comme nous parce qu'il a honte d'être comme nous.
  

* Le primat bien qu'Anglais donc homosexuel, éprouve de vifs sentiments à l'égard de sa patrie et doit donc y trouver un exutoire. Il s'apparie donc avec une primate qui répond au nom de «Her Grace».
  

Source: Usenet