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Carnet à spirales
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© Carnet à spirales — 2jr.fr

À toutes fins utiles, je m'empresse de préciser que je ne confère pas d'emblée à ces dames la charge de repriser tant mes chausses que mon âme. Il se trouve simplement que dès ma plus tendre enfance, je fus le témoin d'une répartition des rôles extrêmement stricte et, que voulez-vous, ce sont les aînés qui vous installent, parfois à vos dépends, entre des garde-fous qui de repères, se transforment aisément en faits définitivement acquis, et ceci à moindre frais. Néanmoins — comme se plaît à l'indiquer Liane Foly — je confesse que les meilleures reprises réalisées sur les plus dégradées de mes chaussettes, furent dans la totalité des cas le résultat d'un travail rapide et appliqué d'une de mes relations dites du sexe faible, fussent-t-elles ma Tante que je chéris tant, ou un copain de chambrée dont les tendances sexuelles déviationnistes ne faisaient plus de doute, même à cet abruti d'adjudant de discipline nommé Labiche. Icelui Labiche, malgré sa certitude d'exercer sa mission en limier indéfectible, n'a jamais décelé un seul millimètre des bois qui interpellaient le quidam tant il était imprévu de devoir conjuguer de tels attributs ornant habituellement le chef du plus prisé des cervidés des forêts de Picardie, flanqués bien droit sur sa tête ronde d'Antillais joufflu. Il était beaucoup plus prompt à régler ses comptes avec des jeunes hommes aussi involontaires en tant qu'appelés du contingent qu'irresponsables de la couleur bleue et blonde de leurs yeux et de leur tignasse rageusement rasée aux lendemains vengeurs des événements de soixante-huit, qu'à pister Madame Labiche dont un battement de cils faisait exploser plus de braguettes qu'on ne tirait de pétards sur notre base aérienne de banlieue parisienne un soir de 14 juillet.

De faible, le sexe précité n'en a d'ailleurs que le qualificatif, car quand même, est-ce que le carbone 14 suffirait à nous permettre de dater la toute première O.P.A. en peau de bête qui, dans une caverne, puis une crèche, voire à la Maison Blanche, mit à terre le genoux de dindons dont la farce est depuis toujours le carburant qui fait tourner notre monde, mettant ici ou là en valeur d'innombrables références qui servent à séquencer l'histoire de l'humanité; Cléôpatre, les Catherine, qu'elles soient de Médicis, de Russie ou de Taverny et Mata-Hari pour faire bref, les catherinettes, dont le symbole ne peut inspirer que de l'inquiétude puisqu'elle sont sensées ignorer le son du bois le soir au fond du corps après qu'a sonné le glas de leur vingt-cinquième année, ce qui en dit long quand on connaît l'âge moyen auquel une adolescente peut prétendre à sa première tournante dans nos bonnes cités, Golda Meir et sour Teresa pour faire bien, Danièle et Mazarine Mitterrand pour donner dans l'excès.

Les plus expéditifs ou férus de numérologie concluront qu'il faut éviter d'appeler sa fille Catherine ou le chiffre 14, que ce soit en juillet ou dans un bain de carbone.

Les plus pessimistes se réfugieront à vie dans une de ces retraites qui doivent leur succès à des tours operators intellos qui assurent que vous ne serez jamais plus le même après avoir mâchonné votre billet d'avion un mois durant, dans six mètres carrés de torchis, au beau milieu d'infinies étendues sablonneuses entourées des somptueux reliefs marocains. Ils ont raison. Après ce type d'introspection, vous ne regarderez plus des mêmes yeux la poignée de votre fenêtre ou la lunette de votre cuvette de chiotte.

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Travaux d'inutilité publique (Partie 1)

La crevette a ceci en commun avec le veau sans hormone; elle a été élevée sous la mer.
Si je veux donner un sens à ma vie, le moment est donc venu de faire glisser mon hypocrite humilité du Zénith à mon Nadir, même si je n'ai presque rien à dire, et de regarder en mon plus profond intérieur pour faire mon coming-out.

Fi donc! Je pose tout et ne me retiens plus: Oui, je l'avoue, j'ai eu des relations textuelles. Hétéroclites de surcroît à certaines heures, souvent courtes, et avec des gens que je croyais connaître, avec lesquels je rêvais de partager des temps forts sans me douter que ce n'étaient que des lecteurs précoces, adeptes de la masturbation intellectuelle. Le bouquin dans la main gauche, l'index droit fréquemment porté à la langue sous prétexte de tourner les pages. Il m'est même arrivé de m'exhiber pour pisser de l'encre à l'arrêt d'un métro à une époque où la bienséance recommandait plutôt de pisser à la raie d'un rétro.

De BCBG, nos rapports devenaient insidieusement TTCS — Tasse de Thé, Culs Serrés — bien serrés, très fort, comme pour retenir le plus longtemps possible les troncs communs.

C'est ainsi que d'échangiste, je me suis reclus parmi les miens; je suis en quelque sorte un exclu plus clan et ceci n'est pas toujours facile à endurer.

1) Qu'est-ce qui motive la vie pour qu'elle rendre si résistants les liens qui m'unissent à mon insu à tout ce qui m'entoure et en quoi je ne retrouve que trop rarement les valeurs qui, à mes yeux, conditionnent le rasage sans coupure de l'homme qui se redécouvre avec tant de partialité, chaque matin, devant son miroir?
2) À quand remonte mon premier dilemme avec une Femme de ma vie, lequel aura eu pour conséquence une interminable série de conflits qui me confortent dans une indicible incompréhension à l'endroit du beau sexe, qui me le rend depuis, au centuple et sans aucun égard?

Tope-là, vous me mettez ne serait-ce qu'un instant sur une voie aussi incertaine que mal éclairée d'un fragment de réponse à ces deux fardeaux, et je vous suis de facto redevable devant l'éternité et fais de moi votre obligé à long terme et sans rémunération, aucune.

Il n'empêche que depuis plus de cinquante ans, je navigue à vue, ne cessant de me heurter à ces deux maudits icebergs, et qu'à en croire les statistiques les plus fiables, le temps qui m'est donné pour apprendre à les contourner ne joue pas en ma faveur. Non pas que je compare mon existence au Titanic, loin s'en faut, j'ai eu beaucoup de veine dans mon malheur, mais jamais de chance. En tous cas pas celle de résoudre l'énigme qui m'interdit, sauf à parler de la Mère de ma merveilleuse Epouse — donc l'affaire s'annonce mal dès son aube quand tant d'hommes supposés normaux n'eurent de cesse d'affubler leur belle-mère des pires quolibets — de me réveiller un beau matin émerveillé à l'idée de pouvoir me sentir bien dans mes chaussettes, là où je les aurais enfilées, et surtout d'être en harmonie avec celles qui me les auront raccommodées, qu'il s'agisse de ma propre Mère, surtout de ma propre Mère, de mes cousines, de la Femme de mes amis qui ne le sont généralement plus depuis qu'ils en sont les maris souvent marris, ou de mes voisines, que ce soit de palier ou de banquette dans le métro.