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Carnet à spirales
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L'essence des mots (2) 

Aujourd'hui, le journal... 

 

Le journal, c'est ce que l'imagination populaire appelle un conte de faits. Sans doute parce que les affabulateurs n'y manquent pas, qui transforment la réalité comme par magie. Mais comment distinguer le vrai d'info? Tant qu'il reste intime, il est l'hôte au sens sûr. Mais dès qu'il se multiplie, le voilà qui s'affiche sans réserve, hormis ses droits. 

  

Ainsi le journal envahit notre quotidien: on le trouve parchemin et par vaux (en velin), d'où l'expression "journal de voyage". Qu'il ne faut pas confondre avec le journal de marche, militaire (appelé aussi revue d'effectifs) qu'on ne voit qu'en campagne et en colonnes. 

  

Il aime l'effet d'hiver, en toutes saisons. C'est ce qu'on appelle les nouvelles fraiches (elles sont encore meilleures sur papier glacé!). D'actualité, un faux scoop l'est vainement. 

  

Plus que d'être, le journal doit paraître. L'arrêt d'action peut lui être fatal. Sans un tirage suffisant, il essuie les plâtres et cesse de cheminer, alimentant la rubrique nécrologique de ses confrères. 

  

Si en navigation le journal est d'abord de bord (ne pas confondre avec le livre de chevet, qui se lit au lit comme un roman-fleuve), revenu sur terre il est de tous bords. Des exemples? En voici, en voilà: 

  

• Officiel, son art est public, 

• Politique, il veut faire bonne impression sur les lecteurs, 

• Humoristique, il préfère l'écrit de joie, 

• Intellectuel, il élève l'écrit vain en apologie, 

• Publicitaire, il fait l'article, l'écrit tôt, c'est un journal du matin, 

• Coquin, ses desseins sont des seins et ses lecteurs abonnés, 

• Impudique, il fait l'objet d'une édition un peu spéciale, c'est un journal à sensations, 

• Satirique, il cherche des poux et l'écrit tique, 

• Financier, il est comme Hersant, 

• Local, il a opinion sur rue, 

• De jardinage, pas forcément feuille de chou, il envoie des dépêches juteuses à l'imprimeur, 

• À scandale, cela donne dépot de vin et un excellent titre, 

• De mode, il se met sans cesse à la page pour ne pas devenir âne à chronique, préfère (col) porter le chapeau plutôt que le bonnet, 

• Maritime, faire la hune est son cri terre d'échotier, il aime y jeter l'encre, 

• Piscicole, il se vend encore à la criée; ce qu'il fait démarrer: les rotatives, 

• Historique, l'oeil de Moscou a longtemps justifié l'écrit Staline. 

  

Que dire enfin de ces romans-photos que l'on prend parfois pour médias positives, c'est un cliché. 

On ne citera que pour mémoire le journal parlé, dans lequel le lecteur n'est pas celui que l'on croit. Dans d'autres comptes habilités, le journal se livre; rien à voir pourtant avec l'heureux portage. 

  

Cette édition est terminée. Et ne vous en faites pas... Le journal aime les potes, hein! 

  

Ecrit par "Hasard" pour l'Udépé